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Organisation, processus et structure de la création


Avant-propos

«Industries créatives », « créativité », ces termes tendent à se substituer à « création ». Récents dans la langue de l’économie de la culture, ils sont déjà au cœur d’enjeux internationaux pour la définition du champ de la culture, de ses industries et, lors, des régulations possibles dans l’ordre commercial international ou communautaire. Ils traduisent surtout une réflexion partagée entre économie de la culture et économie industrielle et dénotent que l’organisation, les processus et les structures de la création sont au cœur de la croissance de l’économie.


Fruit de l’appui conjoint du Deps et de la Dge au ministère chargé de l’Industrie, ces premiers résultats de recherche éclairent les structures de la création – artistique comme industrielle – et leur fonction dans l’économie. Ils montrent le rôle clé de l’organisation, et que création et production culturelle sont une source de l’économie de l’immatériel et de la connaissance, ouvrant la voie à des actions publiques à la croisée de l’industrie et de la création.


Philippe Chantepie, Deps

Grégoire Postel-Vinay, Dge à l’Industrie


Introduction

Organiser la création… paradoxe intrigant à double titre : parce que la création en tant qu’activité humaine est porteuse d’une connotation romantique et rattachée dans notre imaginaire à une notion d’auteur bien éloignée de celle d’organisation ; parce que les activités de création présupposent la mise en forme d’un construit mental original à réaliser. La division du travail, à l’origine du concept d’organisation, se heurte à cette difficulté intrinsèque de la communication : comment diviser le travail quand on ne sait l’exprimer qu’en le réalisant soi-même ? Le paradoxe est d’autant plus fort que le monde académique a pris la mesure du poids des dimensions collective, organisée, conventionnelle des activités de création artistique [1][1] Howard S. Becker, “Art as collective action”, American..., et qu’il suffit d’observer empiriquement les industries dites « créatives » pour constater qu’elles reposent toutes sur des organisations qui, au-delà des individus créatifs, participent aussi de la créativité sur longue période.


Il s’agit de considérer la manière dont les activités de création s’inscrivent dans un univers organisé à tous les niveaux : ceux des entités les plus élémentaires organisées (univers collectifs), des entités juridiques (associations ou entreprises), des secteurs industriels, voire des nations. Car si les activités de création mettent en avant le talent et le génie individuel, elles reposent aussi sur des dispositifs et des organisations et peuvent être partiellement formalisables : les connaissances nécessaires à ceux qu’on appelle « talents » peuvent être partagées. Il existe des techniques et modes d’enseignement qui en permettent l’acquisition. Les organisations peuvent elles-mêmes être porteuses de créativité par le biais de règles, routines ou procédures, et elles peuvent prendre place dans un environnement plus ou moins fertile, porté par des structures sociales, juridiques, financières, culturelles, mais aussi par des dispositifs originaux capables de favoriser la rencontre, l’émergence, l’apprentissage…


L’analyse des dispositifs organisationnels, les « structures de la créativité », permet d’aborder les enjeux industriels de ce que des pays anglo-saxons désignent comme « industries créatives » et qui recouvrent tant les industries culturelles que la mode, la publicité, la grande cuisine, le design industriel… Enjeux économiques pour lesquels ces industries ou une partie d’entre elles sont tenues pour stratégiques [2][2] Maurice LÉVY et Jean-Pierre Jouyet, L’économie de l’immatériel...., mais aussi enjeux internationaux car, des définitions du champ de la créativité, dépendent les conditions des régulations spécifiques propres au champ culturel.

Plusieurs enjeux peuvent notamment être identifiés :


  • la pérennisation des entreprises de création après leur fondateur, qui dépend de la transmission et de la capacité à formaliser l’organisation de la création ;

  • la réduction des barrières à l’entrée pour stimuler le renouvellement créatif, qu’il s’agisse des créatifs ou des managers, le star system et l’inflation du prix des talents étant consubstantiels des industries de la création [3][3] Françoise Benhamou, L’économie du star system, Paris,... ;

  • le renouvellement de l’action publique pour tenir compte du fait que la création n’est pas le fait de seuls talents, mais le fait de structures et de l’organisation de la création.

L’analyse de ces problématiques nécessite l’adoption d’une perspective de management stratégique, c’est-à-dire centrée sur la question organisationnelle et intégrant la dimension de la performance. Elle suppose d’autre part que l’activité de création est un élément structurant des réponses apportées en termes d’organisation, et que la création se faisant dans un continuum production-diffusion, son organisation s’aborde depuis un niveau micro (entités élémentaires, projets [4][4] Howard S. Becker, Art Worlds, The University of California...).

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